Peter Beard, une légende…

Le photographe de mode Peter Beard était un personnage mondain, flamboyant et séducteur, un artiste baroudeur qui aimait les fêtes endiablées et les femmes et avait une passion pour l’Afrique.

Atteint de déménce il est mort à 82 ans près de sa maison de Long Island.
« Peter était un homme extraordinaire qui a mené une vie extroardinaire« , ont écrit ses proches.

Le photographe « symbolisait ce qu’être ouvert signifie, à de nouvelles idées, de nouvelles rencontres, de nouveaux modes de vies », ont-ils ajouté. « Il est mort où il a vécu : dans la nature. »

Né dans une famille américaine aisée, Peter Beard grandit dans les beaux quartiers de New York, entouré d’œuvres d’art. Il choisit d’étudier l’histoire de l’art contre l’avis de sa famille, et part photographier l’Afrique, qu’il a découverte à 17 ans, en 1955.

En 1955, alors qu’il n’a que 17 ans, il entreprend un voyage en Afrique, c’est un coup de foudre et désormais il ne rêve plus que de la savane et de ses animaux.
En 1961 une fois ses études universitaires à Yale achevées, il retourne en Afrique.
Il découvre le livre de Karen Blixen, Out of Africa, une lecture qui va changer sa vie.
Karen meurtrie par son départ d’Afrique acceptera de le rencontrer au Danemark, et même d’écrire des passages de La Ferme africaine sur ses clichés.

Il achètera par la suite une propriété au Kenya, Hog Ranch, en face des monts Ngong, proche de l’ancienne exploitation de café de l’écrivaine.

« J’ai monté quelques tentes de safari, et plus tard, j’ai construit dans le fond une cabane Timsales en rondins pour ranger mes livres africains : à cette époque, j’en possédais déjà des centaines, tous issus des collections de colons en partance. Hog Ranch a toujours été l’endroit le plus divertissant du monde : on pouvait tout y voir, des phacochères aux guibs, des girafes aux lions. J’avais apprivoisé un singe vert borgne particulièrement gentil. »

Fasciné par ce continent il développe une oeuvre incroyable par ces photos de grands fauves, de crocodiles et d’éléphants, mais aussi de beautés africaines et par ses images d’un pays dont il vit le tragique au quotidien, dans sa pureté et dans sa sauvagerie.
Il se fait connaître par ses photographies du parc national de Tsavo East au Kenya, au début des années 60.

Mais c’est aussi ses journaux de bord, ses diaries que j’affectionne particulièrement, qu’il tient depuis sa jeunesse, fait de collages, de photos, de dessins, de textes écrits de sa main, d’objets, de sang, d’insectes, de boue, de tissus, de végétaux, de billets, de cartes postales, d’os …où l’animal et la nature seront toujours présents.

On y trouve des images élégantes, sensuelles, poétiques mais aussi extravagantes, il décrit ce qu’il voit avec ses émotions.

Ses photos et collages recueillent la mémoire d’un monde qu’il veut immortaliser et témoigne d’un désastre écologique plusieurs décennies avant le reste de la planète.

Ces journaux ont été réunis dans un livre collector en deux volumes en 2006 et réedité au printemps en un seul volume.

Toute sa vie il a photographié les animaux sauvages, quitte à se mettre en danger. En 1996, il se fait renverser par un éléphant en Tanzanie. L’animal lui broie la cuisse et lui défonce le bassin.

Grâce à sa beauté personne ne résiste au jeune photographe. Francis Bacon,Truman Capote et enfin Jackie Kennedy, qui le fait pénétrer, dans le cercle de ses intimes à Skorpios.

Grâce à Lee Radziwill, dont il tombe amoureux, Peter Beard rencontre Andy Warhol et la bande de Montauk, les Richard Avedon, Julian Schnabel et Mike Jagger.

Il se fait construire une résidence au bout de cette presqu’île des Hamptons à Montauk qu’il ne quitte que pour réaliser ses reportages dans la nature ou dans les studios de mode.

Ils ont dit…

Il était « l’un des hommes les plus fascinants de la planète, un Tarzan des temps modernes… » confiait Andy Warhol à propos de son ami Peter Beard.

Francis Bacon, qui a peint une trentaine de portraits du photographe, considérait que ses photos les plus fortes étaient « celles d’éléphants en décomposition, sur lesquelles les carcasses se transforment progressivement en de grandioses sculptures, qui au-delà de simples formes abstraites portent l’empreinte de la vanité et du tragique de la vie.

Il avait toujours un bronzage parfait, une opinion sur tout et une façon extraordinaire de s’habiller », raconte Lee Radziwill, dans le film « That Summer. »

“Lorsque vous regardez ses journaux intimes, vous pensez : “Cet homme est fou !”” Iman Bowie.

Peter Beard passe aussi facilement des pistes du Kenya qu’à celle des clubs de New York, de Paris et de Londres.
En 1978, Peter fête son quarantième anniversaire au célèbre Studio 54, temple new-yorkais. Trois cents amis, dont Andy Warhol, Elizabeth Taylor, les Rolling Stones, Truman Capote, Bianca Jagger, assistent au découpage du gâteau d’anniversaire géant en forme d’éléphant.

Dans les années 70 il est invité partout, les magazines de mode se l’arrachent.

Pour le magazine Vogue il fait poser ses modèles dans la brousse, et dénonce le côté mercantille de l’humanité et son goût du paraître. Sur un cliché, un mannequin, en maillot léopard, adopte une posture de fauve à l’affût à côté d’un félin, lui assis sur une butte de terre avec dignité, en souverain.

En 1975, Peter présente à la presse New-Yorkaise, Iman, une beauté Kenyane qui deviendra Madame Bowie.


Pour la petite histoire…

En 1975 sur le chemin de l’école, Iman, 20 ans, croise la route du photographe américain Peter Beard. Subjugué par le physique de la somalienne le photographe souhaite immortaliser sa beauté mais Iman ne se laisse pas approcher si facilement. Peter Beard insiste et propose de la rémunérer. La jeune étudiante entre alors en négociations : le prix à payer sera celui de ses frais de scolarité, estimés à 8,000$. Le photographe accepte et Iman se prête au jeu de la séance photos.

De retour à New York, Peter Beard s’empresse de vanter les qualités de sa « découverte » kényane, quitte à déformer la réalité. Dans la presse américaine, le photographe propage de fausses informations à propos d’Iman. Elle serait membre d’une famille royale africaine, et aurait été “trouvée” par Beard lui-même au beau milieu de la jungle. Pire, le photographe américain parle d’Iman comme d’une beauté noire qui « ne parle pas un mot d’anglais ». En vérité la fille de diplomate parle couramment 5 langues, mais le microcosme de la mode croit naïvement à cette supercherie qui n’a d’autre but que la publicité. Le « mythe Iman » est créé.

Durant les années 70, il photographie la tournée « Exile On Main Street« des Rolling Stones pour le magazine Rolling Stone.

En 2009, il est sollicité pour être le photographe du calendrier Pirelli, série qu’il réalise au Botswana, au milieu des bêtes sauvages.

La vie sentimentale de Peter.

Peter a été marié trois fois. Une héritière, Minnie Cushing (premier mariage), un top modèle des années 80, Cheryl Tiegs (deuxième mariage), Nejma Kahun, fille d’un juge afghan, son épouse et mère de leur fille Zara.
Mais il y aura entre autres, Bianca Jagger, Lee Radziwill, sœur de Jackie Kennedy, Candice Bergen, la Princesse Elisabeth de Yougoslavie, et de nombreuses inconnues, pour la plupart de passage…

Son premier livre, le plus célèbre, The End of the Game (La Fin d’un monde, 1965), est un gros succès, Peter Beard y montre la violence des animaux et leur lutte pour la survie, ainsi que leurs relations conflictuelles avec les hommes. Il dénonce la destruction de la vie sauvage, notamment celle des éléphants, par le développement.

« Plus l’homme est allé loin en Afrique, plus vite la vie a quitté le continent, au large des plaines, en dehors de la brousse… jusqu’à disparaître dans des masses de trophées, de peaux et de carcasses », y explique Peter Beard.

Entre savane africaine et jet set New Yorkaise, Peter Beard, personnage hors du commun, aura fait de sa vie une œuvre d’art qui occupe aujourd’hui une place de choix dans le monde de l’art international.

Je vous laisse le plaisir de découvrir ses diaries et ses clichés, vous en trouverez beaucoup sur internet.

https://peterbeard.com/home/

Frédérique.



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